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Avril 2014 – Dans la cuisine du Mutiera (Banda Neira)

Au Mutiara (Guest-House à Banda Neira), c’est l’heure de la préparation du diner : comme tous les soirs, 15 personnes sont attendues ce soir.

Dili, la chef cuisinière aux fourneaux (Mutiara guest-house - Banda Neira Moluques)

Vers 16h, Dili, (la femme de Abba, propriétaire des lieux) se met aux fourneaux : 2 petits feux posés à 50 cm du sol (c’est moins fatiguant pour le dos) suffiront pour préparer tous les plats.

Les fourneaux de Dili (Mutiara Guest House - Banda Neira Moluques)

Au menu ce soir, le thon est à l’honneur : soupe aux boulettes de thon, salade Banda, aubergines à la sauce Kenari, galettes (ou burger) de thon, Gado-Gado (légumes à la sauce cacahuètes) ainsi que, comme tous les soirs, un poisson grillé au barbecue, suffisamment gros pour que tout le monde soit servi abondamment.

La sauce cacahuète du gado-gado (Mutiara - Banda Neira Moluques)

Tous les produits sont frais, achetés au marché et, tout en me montrant les différents ingrédients nécessaires au diner, Dili m’explique que l’on trouve peu de fruits et légumes sur l’île. Pourtant l’eau est abondante et les terrains fertiles, mais vivre de la noix de muscade semble plus facile que de cultiver un potager ! Facile peut-être, mais rentable ? Cela est une toute autre question…

Tout en parlant, Dili s’affaire : le thon est coupé en morceaux, citronné, une partie sera mixée, une autre grillée… puis mis de côté. Elle attrape une poignée de légumes, la jette dans l’eau bouillante, met dans un mixer un mélange d’ail, de piment et d’échalotes. Les gestes sont sûrs, rapides, à croire qu’elle a plusieurs mains. Pendant ce temps, sa fidèle assistante a râpé de la noix de coco qu’elle mouille à l’eau, la malaxe puis filtre le jus : on obtient ainsi un lait de coco gouteux, épais. Elle recommencera deux fois la même opération, remplissant 3 bols de densités différentes qui serviront soit comme base de sauce, agrémenter un bouillon ou autre … Pour le gado-gado, la pâte de cacahuète est déjà prête: elle en a préparé 3 kgs la semaine dernière et déjà, elle arrive à la fin de son stock. Et là encore, ce n’est pas une mince affaire: piler les cacahètes jusqu’à obtenir une pâte épaisse, puis mélanger avec du sucre de palme et quelques autres substances secrètes!

Pâte de cacahuète (Mutiara Guest-House - Banda Neira - Moluques)

Dehors, sur le barbecue, le poisson grille. Il cuira à feu très doux pendant 2 heures et sera servi moelleux, accompagné d’herbes coupées.
Une odeur émane des fourneaux : dans le wok grésille de l’huile de coco ainsi que de la citronnelle, un mélange de choux, de carottes et d’oignons, les légumes verts, comme les haricots sont toujours cuits en dernier. Ils seront croquants, à peine cuits. J’attrape un « économe », épluche, coupe en tronçons les quelques carottes manquantes. Ce sera ma modeste contribution, préférant me faire toute petite dans u coin de la cuisine, afin de ne pas déranger. Dili rit …

Noix de kenari séchées (Banda Neira - Moluques)

Petit à petit, les plats prennent forme : on confectionne les boulettes de thon qui iront dans un bouillon, les galettes de thon assaisonnées avec de multiples ingrédients seront passées au wok (toujours dans l’huile de coco).
La noix de kenari a été pilée, mélangée à du piment, de l’ail, de l’échalote, du galenga. Ce mélange sera la base du curry auquel on ajoutera du lait de coco, tout d’abord un peu du 3ème jus pour mouiller puis ensuite le bol entier de la première pression. Couleur, odeur, saveur … je ne me contente plus de regarder, je goute. Dili me demande mon avis sur l’assaisonnement.

Sur les fourneaux de Dili, la sauce de kenari mijote (Mutiara Guest House - Banda Neira - Moluques)

ail, échalottes... (Mutiara guest-house - Banda Neira - Moluques)

Garam ? Faut-t-il ajouter du sel ? Elle sort d’un placard le sel, d’un petit sac suspendu des oignons, d’un bol du frigo des légumes, d’un seau posé sur le sol les noix de kenari…. Quelle organisation ! Un marteau apparait dans ses mains, elle concasse une noix de muscade qui ira dans un bouillon, ainsi que la pâte de crevette, une tige de citronnelle, des légumes dont j’ignore le nom … je perds le fil des opérations.

Les plats en attente s’accumulent sur le plan de travail, la sauce kenari est prête, Dili la verse sur les aubergines déjà grillée. Hop, une poignée de céleri coupé (fait office de persil plat), un peu d’oignon grillé et le plat est terminé. Les finitions se feront sans moi, une façon de préserver quelques secrets ?
J’ai l’impression d’avoir reçu un immense cadeau : l’honneur de partager les 3 heures de préparations de ce qui s’est avéré être un véritable festin.

Demain, nous irons visiter la plantation de Abba, là d’où viennent la muscade, le clou de girofle, la cannelle de Dilli

De Labuan Bajo à Ambon sur le « Tidak Apa Apa »

Le  » Tidak Apa Apa  » (Komodo Sailing)

Au matin du 2/10, le Tidak Apa Apa lève l’ancre : direction Ambon (îles des Molluques). 13 jours de mer pour arriver à destination et plus de 20 plongées.

De Labuandbajo (Flores) à Ambon (Moluques)

Les côtes de Florès s’éloignent, petit à petit les îlots disparaissent et, à part les iles où nous accosteront pour plonger, nous aurons les flots pour seuls voisins … hormis quelques bateaux de pêcheurs rencontrés de-ci et de-là, les oiseaux, les dauphins et des poissons volants. Les téléphones et les connexions internet ne passent plus. Enfin seuls!

 

Bateau de pêcheurs dans les eaux de Taka Bonerate

 

Pêcheurs au large de Wakatobi

 

Pêcheur au large de Wakatobi

 

Bertrand et Nicole, fondateurs de Komodo Sailing et maîtres des lieux, nous font la présentation du bateau et des membres de l’équipage :
Le Tidak Apa Apa est un « phinisi »,, voilier traditionnel indonésien en bois de fer, fabriqué dans le chantier naval de Tanah Beru, près de Bira dans le sud de Sulawesi . C’est également de là que sont originaires les 3 membres de l’équipage, des hommes de la mer nommés des «orang-laut » : Kariono, le capitaine du bateau, Subandi, le chef cuisinier et Basri, le chef mécanicien.

 

Kariono, le capitaine (Tidak Apa Apa)

 

Subandi, le chef cuisinier (Tidak Apa Apa)

 

Basri, le mécanicien (Tidak Apa Apa)

 

Le bateau est aménagé avec goût et tout est nickel. Prévu pour 8 personne, l’espace est collectif, mais on est loin des couchettes que l’on trouve parfois sur certains bateaux de croisières : ici 4 lits à baldaquins, des serviettes, sarongs et paréos pour chacun, des sanitaires en commun avec vue sur mer, mazette !

Quant à la cuisine, chapeau au cuisinier qui se met en 4 pour nous concocter de bons petits plats à tous les repas : barracuda grillé, tartares de thon relevé au citron vert, gingembre et citronnelle, bouillabaisse indonésienne (soto madura, sauce bumbu), poulet curry sauce coco (kelaps), poulet frit (tenung bumbu), dorades coryphènes … et autres spécialités du, des chefs (car Bertrand met souvent la main à la pâte). Le nerf de la guerre !
Le temps passe vite, les jours se suivent et ne se ressemblent pas : plongées (3 par jour si on est sur site) et temps de navigation (2jours ½ d’affilée pour relier l’archipel des Wakatobi à Ambon) : dans ce cas, tout l’équipage ainsi que Bertrand et Nicole se relaient à la barre.

Bertrand à la barre du Tidak Apa Apa

Pendant ce temps, nous on bouquine, rêvassons, trions nos photos, admirons les levers/couchers de soleil, regardons la mer … ou mettons à jour quelques textes. Quelle activité!

Rêveries entre deux plongées

 

ça bosse sur le pont !

 

Coucher de soleil sur Labuandbajo (Flores)

Fin de journée …. Les couchers de soleil sont sublimes,on se retrouve tous autour de la table à regarder les cartes de navigation,

 

Coucher de soleil au large des Wakatobi

 

Carte marine des îles Taka Bonerate

 

Et puis, les questions existentielles : «alors, la prochaine plonge, on la fait où ? » « t’as vu quoi ce matin ? et ce truc là, ça s’appelle comment ? » …. On sort les bouquins, comparons nos paramètres, échangeons quelques blagues, finissons de remplir nos carnets de plongée …. et à 21h, comme les poules, pipi, les dents (pas pour les poules), dodo, et au lit. Demain, nous serons debout au lever du soleil, prêts à retourner à l’eau.