Toujours fidèles à l’Indonésie, durant un mois 1/2, nous avons fait trois expériences plongées bien différentes les unes des autres :
15 jours de muck-dive (Dive Blue Motion) dans le petit village de Laha en face d’Ambon (Molluques) : une expérience un peu « roots », loin d’être inintéressante
12 jours sur l’Ambai (Wallacea Dives Cruise) pour une croisière plongée/gastronomie entre Ambon et Alor (île de la Sonde) à travers la mer de Banda: un avis mitigé …..
Un trajet tiré aux cordeaux! Minimiser les finances, les déplacements et les vols intérieurs (on a trop galéré l’an passé avec les kgs de nos sacs plongée et photos), optimiser le temps passé à chaque endroits, maximiser le tout quoi! :
Jakarta pour se remettre du décalage horaire, voir l’équipe de Wallacea et faire les marchés
Ambon (Molluques) : au programmes des plongées muck et essayer de voir (et donc photographier) le tout récent découvert « psychedelic rhinopiace »
Komodo ? Réputé pour ses varans, réputé pour ses courants !
Komodo ? Réputé pour ses fonds marins ainsi que de la profusion de poissons
Komodo ? On en rêvait … nous l’avons fait.
Nous sommes partis de Labuandbajo (Flores – Iles de la Sonde) pour rejoindre Denpassar (Bali) à nouveau sur l’Ambai, décidément notre bateau préféré !
Komodo ? On a adoré … et on s’est demandé pourquoi nous n’y étions pas venu plus tôt. A cause des conditions difficiles ? On nous avait parlé de courants de dingues, nous avons même vu des amis revenir avec les doigts écorchés d’avoir eu à s’accrocher sur les rochers….. Mais finalement du courant, nous en avons affrontés de puissants aux Raja Ampat ou à Alor. Sans compter des courants « machine à laver » comme à Bunaken.
Alors, est-ce la vraie raison ? Peut-être que notre insatiable besoin d’aller toujours plus loin, toujours plus à l’Est en Indonésie, de frôler les limites territoriales … mettait Komodo « trop » accessible. Quelle erreur de notre part.
Pendant ces 11 jours (ce qui est beaucoup pour une croisière Komodo) nous avons profité des nombreux sites qu’offre le Parc, plonger et replonger sur des spots dont on ne s’est pas lassés : du gros, du petit, du bleu, des coraux etc … je me répète encore et encore …
Jean-Michel, le « boat master » (dit aussi le cruise director) connaît non seulement les sites comme sa poche mais également les courants, les marées … et la réussite d’une croisière tient souvent à la compétence, l’enthousiasme, la connaissance des lieux d’un boat director !
– « Les courants ne sont pas favorables ? Je vous réveille 1/2heure plus tôt »
– « La marée est montante, les vents sont trop forts ? on modifie le trajet et on découvrira ce site quand les conditions seront plus propices »
– « Cette plongée est sublime. Je veux que vous la fassiez dans des conditions optimales »
– « Amateur de petits, c’est le moment de mettre vos objectifs macro … »
– « Les mantas ? on va les voir, ne vous inquiétez pas… » Effectivement nous en avons vu.
– « Ce soir, plongée de nuit : si vous n’en faites qu’une seule, ça doit être celle-là. Un lieu pour les photographes. En attendant, admirez le paysage! ».
….et l’on sentait son plaisir et sa volonté à nous faire partager ces sites qu’il aime tant.
Nous avons navigué à travers les îlots pelés, rencontrés les vendeurs de perles dont la vie ne doit pas être facile, sommes allés « visiter » ces fameux varans – moches et peu avenants. Impressionnantes créatures qui ne donnent pas vraiment envie de les caresser ! Quand on voit la diversité et les couleurs que nous offre les fonds sous-marins.
Et ça, c’était sublime, car effectivement nous avons eu l’impression d’être des privilégiés à qui l’on fait des cadeaux : être seuls sous l’eau, avoir les poissons pour soi tout seuls, avec quasiment pas de courant…
Cet enthousiasme a été communicatif : les palanquées sortaient de l’eau avec la banane, les soirées étaient joyeuses et animées … Bref, une ambiance du tonnerre à laquelle l’équipage n’a pas été étranger.
Sûr ! Cette croisière, haute en couleur, on s’en souviendra !
Le Lonely Planet l’a dit : « il y a aux Banda une tradition culinaire liée au passé, la route des épices ».
Celle-ci valut aux îles Banda d’être une proie pour les hollandais et les anglais qui s’en disputèrent allègrement et pendant plus de 200 ans la propriété.
La trace de ces longues périodes d’occupation est visible dans toute l’île où l’on trouve des rues pavées à 4 voies,
d’anciennes habitations coloniales, des vestiges de la Compagnie des Indes Orientales (la V.O.C) sur les maisons,
le fameux fort Belgica de pure style Vauban (lieu stratégique de défense)… et ce, jusque dans l’hôtel Maulana où trônent des canons authentiques (pour plus d’informations, on peut lire le très intéressant article trouvé sur le site Baliautrement)
Si ces habitations font partie du passé, le présent a su conserver la culture des épices ainsi que l’art de les accommoder: muscade, clou de girofle et noix de kenari sont les principales épices que l’on trouve ici.
C’est la première chose que l’on voit quand on descend du bateau: sur les nombreux étals installés dès que le ferry est annoncé, s’amoncellent des petits sachets de toutes tailles où clous de girofle, noix de muscade, poivres divers et clous de girofle titillent le nez du voyageur.
Plus loin dans les ruelles, des écorces sèchent au soleil. Nous apprendrons par la suite que c’est l’enveloppe, le fruit de la noix de muscade.
Nous ne connaissions pas la noix de kenari au goût si particulier proche de la noix de Macadamia et dont la forme se rapproche de nos amandes. Pillée, grillée, en lamelle, en nougat, dans des plats en sauce ou dans les salades, la noix de kenari est un pur régal. Il faut goûter les aubergines à la noix de kenari, une spécialité des Moluques… Hum !!!!
Quant à la noix de muscade, notre cuisine occidentale l’utilise principalement pour relever des plats en sauce, le fromage et … le vin chaud. Ici, elle est partout: râpée ou concassée, elle donne aux plats de la cuisine des Banda, une note particulière et a, paraît-il, un pouvoir psychotrope. On la retrouve dans les légumes, dans la soupe, comme ingrédient principal dans l’assaisonnement de boulettes de poisson, comme celles que nous avons goûtées au Mutiara Guest-House.
Si nous n’utilisons que la noix, ici, rien ne se perd: la fine couche dentelée orange vif qui entoure la noix, le macis, est utilisé pour les plats au curry (comme en Inde d’ailleurs).
Mais le plus étonnant est l’utilisation de la bogue de la muscade : cuite avec du sucre pendant de longues heures, elle donne une confiture un peu aigre faisant penser à de la gelée de framboise; séchée, confite, parfois épicée, elle ressemble à du gingembre confit.
Nous sommes allés voir ces plantations :
l’arbre de kenari, immense, protège le muscadier du soleil,
l’écorce du « cannelier » fut découpée sous nos yeux afin d’en goûter et respirer la saveur,
nous avons pu voir comment, à l’aide d’un système ingénieux se récoltait la muscade. Superbe ballade au frais, plaisir des yeux et … des narines.
Les îles Banda, point de départ de la route des épices? Pour nous, ce sera le point de départ de la croisière « plongée gastronomie » que nous avons organisée avec Wallacea sur l’Ambai en mai 2015. C’est pour cette occasion que la page « spicyploufagain » a été créée.
Ils sont là, ils sont partout, souriants, joueurs, accueillants, curieux, taquins …. Comme tous les enfants, dirions-nous …
Ils sont venus vers nous, ont demandés à ce qu’on les prenne en photos et on a ri ensemble quand ils ont découvert leur bouilles dans l’appareil … Comme tous les enfants, direz-vous.
Ils sont venus vers nous, demandant dans un anglais impeccable comment nous nous appelions, d’où nous venions, ce que nous aimions, quelle était notre couleur préférée, depuis combien de temps nous étions en Indonésie, si nous aimions Banda Naira. Une liste de questions, joliment formulées, et, à chacune de nos réponses, ils nous expliquaient qui ils étaient, où habitaient les parents, les grands-parents, le nom de leur frère, le nombre d’enfants dans la famille … Puis ils nous ont appris qu’ils avaient un professeur d’anglais, dans le village. Apparemment seuls les garçons y ont eu droit, ou seuls les garçons ont osés nous aborder. Possible aussi…
aux glissades sur l’herbe, aux passes de ballons, aux baignades pleines de rires et de facéties,
s’accrochant à la corde d’un bateau qui passait par là et se faisant tirer sur plusieurs mètres jusqu’à ce que la poussée soit trop forte,
s’éclaboussant les uns et les autres ou restant tranquillement assis dans les bras de leur mère, les pieds dans l’eau à deviser …
Jeux d’enfants de partout, direz-vous.
Parmi eux, des mères baignent leurs jeunes enfants et se délassent. Leurs visages changent, se détendent. Moment de tendresse.
Dans les rues de Banda Neira du matin au soir,
nous avons aimé les rencontrer à pied ou en vélo, seuls ou en bande, sur le chemin de l’école avec leurs uniforme
ou à la sortie de la mosquée, les petits entourés par leurs ainés, les petites filles habillées comme des princesses, quoique souvent voilées et parfois mères, même très jeunes.
Comment l’avons-nous connu? Au salon de la plongée (Paris janvier 2009) Ce qui nous a séduits :
– la quantité d’informations et des tuyaux communiqués sur l’Indonésie (le tout désintéressé: nous avons presque du insister pour obtenir son programme et sa plaquette). C’est à partir des contacts avec Jérôme que nous avons commencé à mesurer que notre projet était jouable.
– les commentaires élogieux trouvés sur BMPP
– les prestations proposées : le bateau, les itinéraires proposés.
Ce que nous avons fait :
Croisière Sulawesi Nord sur le Paitsubatu (Octobre 2009) : Bunaken, îles Bangka, détroit de Lembeh, îles Sangihe
5 – A venir … Une croisière thématique « plongée/gastronomie » autour de la route des épices en mai 2015 , une collaboration spicyploufagain et Wallacea : A150503 croisiere gourmande
Au Mutiara (Guest-House à Banda Neira), c’est l’heure de la préparation du diner : comme tous les soirs, 15 personnes sont attendues ce soir.
Vers 16h, Dili, (la femme de Abba, propriétaire des lieux) se met aux fourneaux : 2 petits feux posés à 50 cm du sol (c’est moins fatiguant pour le dos) suffiront pour préparer tous les plats.
Au menu ce soir, le thon est à l’honneur : soupe aux boulettes de thon, salade Banda, aubergines à la sauce Kenari, galettes (ou burger) de thon, Gado-Gado (légumes à la sauce cacahuètes) ainsi que, comme tous les soirs, un poisson grillé au barbecue, suffisamment gros pour que tout le monde soit servi abondamment.
Tous les produits sont frais, achetés au marché et, tout en me montrant les différents ingrédients nécessaires au diner, Dili m’explique que l’on trouve peu de fruits et légumes sur l’île. Pourtant l’eau est abondante et les terrains fertiles, mais vivre de la noix de muscade semble plus facile que de cultiver un potager ! Facile peut-être, mais rentable ? Cela est une toute autre question…
Tout en parlant, Dili s’affaire : le thon est coupé en morceaux, citronné, une partie sera mixée, une autre grillée… puis mis de côté. Elle attrape une poignée de légumes, la jette dans l’eau bouillante, met dans un mixer un mélange d’ail, de piment et d’échalotes. Les gestes sont sûrs, rapides, à croire qu’elle a plusieurs mains. Pendant ce temps, sa fidèle assistante a râpé de la noix de coco qu’elle mouille à l’eau, la malaxe puis filtre le jus : on obtient ainsi un lait de coco gouteux, épais. Elle recommencera deux fois la même opération, remplissant 3 bols de densités différentes qui serviront soit comme base de sauce, agrémenter un bouillon ou autre … Pour le gado-gado, la pâte de cacahuète est déjà prête: elle en a préparé 3 kgs la semaine dernière et déjà, elle arrive à la fin de son stock. Et là encore, ce n’est pas une mince affaire: piler les cacahètes jusqu’à obtenir une pâte épaisse, puis mélanger avec du sucre de palme et quelques autres substances secrètes!
Dehors, sur le barbecue, le poisson grille. Il cuira à feu très doux pendant 2 heures et sera servi moelleux, accompagné d’herbes coupées.
Une odeur émane des fourneaux : dans le wok grésille de l’huile de coco ainsi que de la citronnelle, un mélange de choux, de carottes et d’oignons, les légumes verts, comme les haricots sont toujours cuits en dernier. Ils seront croquants, à peine cuits. J’attrape un « économe », épluche, coupe en tronçons les quelques carottes manquantes. Ce sera ma modeste contribution, préférant me faire toute petite dans u coin de la cuisine, afin de ne pas déranger. Dili rit …
Petit à petit, les plats prennent forme : on confectionne les boulettes de thon qui iront dans un bouillon, les galettes de thon assaisonnées avec de multiples ingrédients seront passées au wok (toujours dans l’huile de coco).
La noix de kenari a été pilée, mélangée à du piment, de l’ail, de l’échalote, du galenga. Ce mélange sera la base du curry auquel on ajoutera du lait de coco, tout d’abord un peu du 3ème jus pour mouiller puis ensuite le bol entier de la première pression. Couleur, odeur, saveur … je ne me contente plus de regarder, je goute. Dili me demande mon avis sur l’assaisonnement.
Garam ? Faut-t-il ajouter du sel ? Elle sort d’un placard le sel, d’un petit sac suspendu des oignons, d’un bol du frigo des légumes, d’un seau posé sur le sol les noix de kenari…. Quelle organisation ! Un marteau apparait dans ses mains, elle concasse une noix de muscade qui ira dans un bouillon, ainsi que la pâte de crevette, une tige de citronnelle, des légumes dont j’ignore le nom … je perds le fil des opérations.
Les plats en attente s’accumulent sur le plan de travail, la sauce kenari est prête, Dili la verse sur les aubergines déjà grillée. Hop, une poignée de céleri coupé (fait office de persil plat), un peu d’oignon grillé et le plat est terminé. Les finitions se feront sans moi, une façon de préserver quelques secrets ?
J’ai l’impression d’avoir reçu un immense cadeau : l’honneur de partager les 3 heures de préparations de ce qui s’est avéré être un véritable festin.
Demain, nous irons visiter la plantation de Abba, là d’où viennent la muscade, le clou de girofle, la cannelle de Dilli